L'éducation!

D'ici le 9 mai, je me permettrai de vous titiller la curiosité en diffusant quelques courts passages de Québécois 101, notre portrait en 25 traits. Aujourd'hui, quelques paragraphes sur l'éducation.

Depuis quelques années, on assiste à la division de la société en deux clans, deux castes presque. Le privé, riche, valorisé et subventionné ; le public, pauvre, critiqué et sous-financé. L'aura des écoles privées est telle qu'elle influence les perceptions et impose une incroyable pression sur le système public. Ce dernier encaisse plutôt mal le coup et accuse de nombreuses désertions, particulièrement celles provenant des meilleurs éléments. D'ailleurs, le tiers des Québécois considèrent que le système public d'éducation s'est détérioré dans les dernières années. Ils sont la même proportion à croire que les enfants qui fréquentent les écoles privées ont de meilleures chances de réussir dans la vie.

Mais les opinions des Québécois au sujet de l'éducation ne sont que très rarement entendues dans les médias. Elles sont souvent noyées par les positions des deux groupes opposés. D'une part, celle de la pensée dominante, de l'élite, et, d'autre part, celle véhiculée par les étudiants. Tendre l'oreille davantage permettrait aux dirigeants d'apprendre des choses intéressantes, des choses qu'ils savent déjà, fort probablement, mais qu'ils préfèrent sans doute ignorer. Ainsi, ils seraient surpris de savoir que plus du tiers des Québécois ignorent que les écoles privées sont subventionnées par l'État jusqu'à la hauteur de 60 % de leurs coûts de fonctionnement. Lorsque informés de la situation, les deux tiers de ces répondants se disent en désaccord avec ce financement.

Dans le même ordre d'idées, les Québécois sont deux fois plus nombreux à penser que la sélection des élèves des écoles privées affaiblit les écoles publiques. Et malgré toutes les critiques qui accablent le système public d'éducation, ils ne sont que 5 % à souhaiter que ce dernier migre vers un système privé. L'actuel portrait de l'éducation au Québec, avec la prééminence du privé, n'est d'ailleurs pas sans fournir des pistes sur la direction que prendra le système de santé dans les prochaines années.

 Au Québec, tout le monde ou presque souhaite garder les systèmes d'éducation et de santé publics. Des systèmes ouverts, de qualité et accessibles à tous. Cependant, dans les faits, sitôt que les Québécois peuvent les contourner, s'en passer, ils ne s'en privent surtout pas. Les Québécois se disent solidaires, mais à la lumière de leurs actes, ils ne le sont guère. Une tendance de plus en plus répandue se dessine clairement. Celle à ne vouloir prendre que le bon de ce qui est gratuit et public et de se faire subventionner, au privé, ce qui semble faire défaut au public.